Une démarche scientifique est-elle concevable indépendamment de toute aspiration au Bonheur ?

 
Nous cherchons tous à être heureux dans la vie quelque soit les moyens pour y parvenir. Cependant notre idée du bonheur, notre définition d'être heureux est erronée et nous souffrons de cette fausse idée que nous croyons être vraie car nous la désirons. La démarche scientifique désigne l'ensemble des étapes nécessaires pour obtenir des connaissances à l'aide d'instruments différents. Cette démarche est une voie, un chemin à prendre pour pourvoir faire de la science, car la science est objective et sans cette démarche elle serait subjective. Néanmoins il existe plusieurs types de démarche scientifique selon l'époque à laquelle nous nous plaçons. Notre fantasme du bonheur peut-il intervenir dans la réalisation d'une démarche scientifique ? Si oui quels types de démarches scientifiques ? La démarche scientifique a t-elle besoin d'être animée par notre aspiration au Bonheur ? Notre définition du bonheur fausse t-elle notre aspiration à celle-ci ? Peut-on trouver une définition du Bonheur qui puisse valoir une conception d'une démarche scientifique ?
 
 
 
Pour répondre à la question : « Une démarche scientifique est-elle concevable indépendamment de toute aspiration au Bonheur ? », il est nécessaire de déterminer le terme « aspiration au Bonheur » et les différents types de démarche scientifique selon l'époque et de bien comprendre leurs distinctions. L'aspiration au Bonheur, le fantasme d'être heureux. Le Bonheur par son étymologie signifie la chance, le hasard « positive », ce qui produit un effet de satisfaction totale. Il ne faut pas confondre plaisir et Bonheur qui sont deux notions qui portent à confusion. Le plaisir est éphémère, il est de passage, c'est aussi une satisfaction cependant limitée dans le temps. Le Bonheur, quant à lui, est un état qui se caractérise par sa durabilité et sa stabilité. Le bonheur semble être un idéal plutôt qu'une fin, nous fantasmons sur cet idéal en sachant que nous ne pouvons l'atteindre. Nous pensons qu'il est une suspension du temps comme l'éternité. L'aspiration au Bonheur est donc un idéal de l'imagination, un concept indéterminé, étant ainsi indéfinissable nous ne pouvons énoncer les règles permettant de l'atteindre.


Nous n'avons pas besoin d'être heureux, nous ne voulons pas être heureux, nous désirons l'être. Le besoin est une nécessité qui, si elle n'est pas satisfaite menace la vie. Alors nous n'avons pas besoin d'être heureux pour vivre car certains d'entre nous sont malheureux et vivent quand bien même ils le sont. La volonté existe pour un unique but défini avant de vouloir l'atteindre. L'homme ne peut donc vouloir être heureux car avant même de le vouloir il ne sait pas ce qu'il veut car le bonheur est un idéal indéfinissable. Par conséquent il ne reste que le désir. Le désir est une volonté indéterminée, quand nous désirons nous ne savons pas ce que nous désirons, nous désirons le Bonheur et c'est parce que nous le désirons que nous souffrons. L'homme est un peu masochiste sur les bords je vous l'accorde. Notre définition du bonheur est erronée et quand nous fantasmons sur cette fausse définition du bonheur nous souffrons encore plus. Nous souffrons parce que nous désirons une fausse idée du bonheur ou parce que nous désirons que nous souffrons ? Peut être les deux ou seulement notre fausse idée. Mais alors si nous avons une fausse définition, quelle est la vrai s'il y en a une ? Le bonheur n'est peut-être pas ce que nous devrions désirer si la définition du bonheur est un état de satisfaction totale. Nous pouvons être dans un état de satisfaction totale si nous observons attentivement la vie qui nous entoure sans se plaindre et toujours désirer plus sans voir ce que nous possédons déjà.


Dans un ordre chronologique, nous pouvons retrouver trois formes différentes de démarche scientifique. Tout d'abord la science grecque avec Aristote, ensuite celle de la science moderne avec Galilée, et enfin la physique quantique. Ces trois moments dans l'histoire de la philosophie comme de la science marquent une vision différente et bouleversante du domaine du réel.


Premièrement la science dite grecque hérite du savoir babylonien et des connaissances scientifiques égyptiennes. Aristote est l'un des grands philosophes de cette époque avec ces multiples théories comme par exemple la théorie du « mouvement » ou bien « des quatre causes ». Pour Aristote, la science est la connaissance certaine des causes, il différencie l'expérience et la science. L'expérience pour Aristote n'est d'autre que de savoir qu'il existe des choses, alors que la science a pour but de savoir pourquoi ces choses existent. Sa conception de la démarche scientifique consiste à connaître les causes des phénomènes au lieu d'uniquement réagir à ces même phénomènes. Il y a donc une acceptation du temps contrairement à la définition du bonheur car cette définition de la démarche scientifique a besoin de connaître le présent en analysant le passé. Il y a une relation cause à effet qui signifie passé au présent. D'autre part il y a aussi une possibilité d'aboutir, de conclure avec cette définition du fait qu'Aristote comprend, explique les phénomènes étudiés.

 
 
Deuxièmement la science moderne qui apporte une autre définition de l'expérience et donc de la démarche scientifique. L'atout majeur de cette autre définition est l'expérimentation qui vient perturber la définition de celle d'Aristote qui ne partage pas le même point de vue que Galilée. En effet la science moderne a une autre définition de la démarche, méthode scientifique qui est une science expérimentale. Cela reste toujours le même monde physique qui reste étudié néanmoins il est nécessaire de l'étudier sous un autre angle, à savoir du point de vue de l'expérimentation. Les expériences dans cette méthode scientifique doivent être précises et déterminées et mesurées exactement. Par conséquent, la volonté de déterminer, mesurer, concrétiser les phénomènes étudiés permet d'aboutir à une modélisation mathématique, physique. Ainsi une redéfinition de la démarche scientifique comme processus expérimental remet en cause la méthode d'aborder les sciences naturelles et permet d'expliquer clairement un phénomène étudié. Cependant les propositions scientifiques, lois ou bien théories, sont nécessairement vraies et ne sont pas la vérité. Cela pose le problème qu'il est impossible de conclure car ces propositions scientifiques sont uniquement des propositions et ne peuvent être que nécessairement vrai pour l'homme. Concernant la dualité sujet objet dans cette méthode, elle est omniprésente, c'est l'essence même de cette définition car elle amène à expérimenter et donc à questionner la nature et à en tirer des conclusions qui tendent vers la vérité s'en jamais l'atteindre.



Dernièrement, la physique quantique. La physique quantique est une révolution fascinante et bouleversante. En toute honnêteté, la physique enseignée à l'école peut être plutôt ennuyeuse. Elle a sa valeur, elle est bien sûr nécessaire, comme toute science du dix-neuvième siècle, néanmoins elle ne bouleverse pas grand chose. C'est vraiment dommage de ne pas faire découvrir aux jeunes les différentes théories de la physique quantique. Trêve de mondanités, la physique quantique regroupe un ensemble de théories qui permet de décrire le comportement de la matière à l'échelle atomique. La conception de démarche scientifique dans le domaine de la physique quantique est bouleversée car l'idée d'une seule et unique réalité est remise en question. En physique classique les objets ont une position bien définie, ils suivent une trajectoire bien définie. En revanche, en physique quantique les particules peuvent être à plusieurs endroits à la fois, elles peuvent aussi suivre plusieurs trajectoires à la fois. L'expérience des fentes de Young par exemple montre qu'un électron selon s'il y a une ou deux fentes emprunte la première fente, la deuxième ou les deux. Elle montre aussi le fait que si nous observons l'expérience pour déterminer par où l'électron passe, l'expérience change. Cela signifie clairement que nous changeons la réalité uniquement en observant l'expérience, par conséquent nous ne pouvons pas faire de conclusion car à partir du moment où nous observons l'expérience ou non, la réalité change. Il y a alors de l'aléatoire et une impossibilité d'aboutir à une conclusion car nous changeons la réalité quand nous essayons de l'atteindre.

 
 
Cette incapacité à mesurer des phénomènes naturels est aussi une propriété fondamentale de la physique quantique qui s'appelle « Le principe d'indétermination d’Heisenberg ». Ce principe signifie qu'il est impossible de connaître la position exacte et la vitesse précise d'un électron, de la lumière où d'un atome entier simultanément. Soit nous connaissons la position sans avoir la vitesse précise où soit ne nous savons pas trop où il est mais alors on peut mesurer sa vitesse avec précision. Ces principes qui font parties de la physique quantique remettent en cause la possibilité de concevoir une démarche scientifique. La physique quantique refuse le temps car en observant l'expérience nous changeons ce que nous voyons et si nous observons pas l'expérience nous ne pouvons pas aboutir. Nous ne pouvons donc pas établir de conclusion car nous changeons l’expérience qui est associé au présent et donc nous changeons indirectement le futur qui est associé à la conclusion. Finalement il n'y a pas plus de dualité sujet-objet étant donné que nous observons l'expérience et que nous ne pouvons plus isoler l'expérience à cause ou grâce à l'observation. Nous pouvons admettre que les trois caractéristiques de l'aspiration au Bonheur correspondent à celle de la physique quantique.



En conclusion, selon la plus récente définition de la démarche scientifique qui est celle approprié à la physique quantique, notre aspiration au Bonheur défini par trois caractères spécifiques qui sont donc l'absence de temps, l'impossibilité de conclure et la non dualité sujet-objet sont en accord avec la démarche scientifique d'aujourd'hui. En revanche nous ne pouvons pas affirmer avec certitude que notre fantasme du Bonheur peut parvenir à concevoir une démarche scientifique sans réellement savoir si notre définition du Bonheur n'est pas erronée




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